“C’est pour ça que l’on a appelé l’album Human Disorder, on est incapables d’apprendre de nos expériences.”
Micro et Fourchette reprend du service pour une nouvelle série d’interviews faites à l’occasion du festival Kampagn’arts à Saint-Paterne-Racan. Pour ce premier épisode, PROG! a rencontré Mat Bastard, le chanteur de Skip The Use, une discussion passionnante à retrouver ici pour en apprendre plus sur le groupe et sur sa vision de la société :
Bonjour Mat, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore?
Mat : Je suis Mat Bastard, j’ai créé le groupe Skip The Use il y a 15 ans avec Yan Stefani, je suis compositeur et chanteur.
Ce n’est pas la première fois que vous faites un concert en Touraine (Avoine Zone Groove en 2022, Terres du Son en 2012), que penses-tu de la Touraine, de l’ambiance ?
Mat : On a toujours passé des bonnes soirées, c’est super beau, la région est très belle, il y a un vrai terroir intéressant, c’est aussi une fierté française la Touraine. Ce sont des festivals familiaux dans lesquels on se retrouve parce qu’il y a des vraies valeurs derrière et donc on est toujours content d’être là !
On a ramené différents produits locaux à te présenter, tu prendrais lesquels avant de monter sur scène pour être au top de ta forme ?
Mat : Alors je pense plus que ce serait le miel, je trouve ça très cool !
Tu l’utilises régulièrement pour la voix ?
Mat : Non pas vraiment, j’aime bien le miel parce qu'au niveau nutritif je trouve ça sympa, mais je ne l'utilise pas forcément pour ma voix. Je ne prends pas de produits particuliers pour entretenir ma voix.
Tu aurais des recommandations circuit-court à nous faire découvrir, des produits locaux que tu consommes souvent ?
Mat : Bah écoute, moi je bouge beaucoup mais on essaye souvent de demander pendant les tournées, dans les loges, des choses qui sont issues du circuit-court pour découvrir tout simplement des produits locaux. Après dans le privé à la maison, j’habite aux Etats-Unis et ma femme est très tournée vers tout ça, elle m’a pas mal converti. Finalement, on découvre plein de choses, que ce soit dans les fermes autour de chez nous, on se rend compte qu’au final on arrive à avoir 40 à 50% de ce qu’on consomme qui est issu de ça donc c’est plutôt cool.
Le groupe Skip the Use a été formé en 2007 à Lille, la ville et le département du Nord ont-ils été une source d’inspiration au lancement de ta carrière musicale dans ce groupe ?
Mat : Forcément parce qu’après il y a toujours une question sociologique et le Nord-Pas-de-Calais c’est un département ouvrier avec les mines. C’est l’éducation ouvrière, la conscience de l’autre, l’unité, le côté fédérateur, le côté cité ouvrière où tout le monde est un peu à égalité et chacun se met ensemble pour quelque chose. Toutes ces choses forgent la créativité, la manière d’appréhender ton métier, donc oui le département m’a beaucoup inspiré.
Votre style musical lui est inspiré de différents univers, comment le qualifierais-tu aujourd’hui ?
Mat : On est un groupe de rock mais on s’autorise pas mal de digressions du côté de l’électro, du hardcore, du métal, de la pop, de la chanson française. Mais on reste un groupe de rock : basse, batterie, guitare.
Vous faites de temps en temps des featurings, le dernier en date est celui avec Lou Sirkis avec le son « Tout Contre Nature », est-ce que vous préférez rester en circuit-court, entre vous ? Qu’est-ce que vous apportent les collaborations extérieures ?
Mat : Le travail en collaboration artistique est toujours intéressant, c’est une expérience qui nous permet de grandir et c’est très cool. Maintenant ça reste en circuit-court parce que même si je suis aux Etats-Unis et que Lou Sirkis est à Paris, créativement parlant on est très proches. Finalement le circuit-court il va être sur la créativité, il ne va pas forcément être sur une localité, surtout aujourd’hui en termes d’art, les moyens technologiques permettent de se rapprocher. Ce qui nous rapproche c’est la façon dont on fait notre musique et comment on la vit, et pour le coup avec Lou on a vraiment ça en commun. Qu’elle soit en train de tourner avec TOYBLOÏD en Allemagne ou en France ou que sais-je et que je sois aux Etats-Unis ou en tournée avec Skip, on fait de la musique pour les mêmes raisons, on est très proches les uns des autres. Je pourrais même rajouter là-dedans Barbara Pravi qui fait une musique qui est très chanson, mais qui a un état d’esprit proche du nôtre aussi.
Vous êtes actuellement sur la tournée des festivals de votre album Human Disorder sorti en 2022, tu pourrais nous en dire plus sur cet album ?
Mat : On a essayé de retranscrire en musique toutes les émotions qu’on a vécues pendant les trois dernières années avec le Covid, le confinement, la remise en question, l’introspection, le rapport à l’autre qui a vachement changé. L’autre devenait potentiellement dangereux, beaucoup plus qu’avant. Avant on était un peu biberonné avec la couleur de peau, le statut social, là maintenant c’était : “peut-être qu’il a un virus, on ne sait pas” et donc c’était encore pire. On voyait déjà qu’il y avait une montée des extrêmes, à l’échelle de la planète, mais là c’était encore plus exacerbé. Et en même temps il y a eu une sorte d’unité paradoxale pour trouver une solution. Mais dès qu’il y a eu un tant soit peu une lumière au bout du tunnel, on a tous repris nos fondamentaux, on a fait une guerre en Europe, on a cherché un ennemi chez notre voisin, comme d’habitude quoi ! C’est pour ça que l’on a appelé l’album Human Disorder, on est incapables d’apprendre de nos expériences. Et puis il y a aussi les réseaux sociaux comme Twitter où tout le monde a l’impression d’être un expert alors qu’on reste tous très très très cons ! Ce n’est pas parce qu’on a une vitrine numérique qu’on devient tout à coup intelligent : la médiocrité a vraiment la part belle aujourd’hui, c’est le monde dans lequel on vit et ça fait flipper, mais en même temps on n’est pas résignés, on a envie de se battre pour nos enfants, pour tout le monde !
Pour terminer, tu aurais une petite anecdote à nous raconter sur le début de votre tournée ?
Mat : Je n’ai pas forcément d’anecdote si ce n’est le fait que c’est la deuxième année de l’exploitation de l’album, on ne pensait pas faire beaucoup de dates et finalement on en fait une trentaine ! On est très heureux d’avoir eu autant de fois la possibilité de délivrer nos messages et de voir qu’il y a encore pas mal de gens qui ont envie d’écouter notre musique, on est vraiment contents de ça et c’est toujours une chouette expérience !
Notre entretien avec Mat se termine sur ces mots, de nouveaux épisodes de Micro et Fourchette arrivent rapidement. En attendant, retrouvez notre contenu fait à Aucard juste ici : https://leprog.com/le-mag?type=3130
Un grand merci aussi aux producteurs qui ont bien voulu que l’on présente leurs produits :
Miel Blanc : https://rucheesetfees.fr/
Rédaction : Blanchot Charly