C’est déjà la troisième fois que Patrick Timsit joue en Touraine son spectacle Adieu peut-être, merci, c’est sûr. On finit par se demander si ce sont vraiment des adieux !
C’est peut-être la dernière qu’on vous voit chez nous ?
Haha j’aime bien que vous disiez « peut-être » car cela montre que cela surprend encore que je m’arrête. Et je préfère que les gens n’y croient pas, plutôt qu’ils se réjouissent que j’arrête ! Mais je vous assure que c’est ma dernière tournée, même si cela fait deux ans et demi que je joue le spectacle. Dernier tour de dernier tour de dernier tour de France, mais à la fin, ce sera un vrai au revoir.
Un peu comme un repas de famille où on met une heure à se dire au revoir ?
C’est ça, car on s’y sent bien ! Quand on s’emmerde on quitte la table ! Je le vois comme la séparation d’un couple encore amoureux… en tout cas je suis encore amoureux. Dans une rupture il y en a toujours un qui souffre plus que l’autre, c’est moi.
Vous morflez ?
Chaque soir ! La preuve, j’ai du mal à lâcher la barre ! D’autant qu’au fil des tournées on se fait des amis. En Touraine je vois toujours Franck, et je finis souvent par diner chez Jean et Sophie Bardet.
Est-ce que cette décision d’arrêter a été l’occasion de faire le bilan des spectacles précédents, pour voir si votre humour avait évolué ?
Il a évolué avec moi, donc je n’ai pas le recul pour l’analyser, je crois. En tout cas je n’ai pas voulu faire du « à la manière de Timsit il y a vingt ans », je ne voulais pas me répéter sur les sujets abordés. Avec le fil rouge des dix bonnes raisons pour arrêter, c’était plus simple d’éviter cet écueil, même si l’écriture n’a pas été toujours drôle, car j’ai vraiment couché sur le papier une vingtaine de raisons, sérieuses, et j’ai gardé les dix meilleures pour le spectacle.
Des fois le public participe, réagit lorsque je lui demande de chercher des raisons avec moi : l’âge, la calvitie… Et quand je dis que je suis trop vieux ils disent que non, ce qui me permet de leur dire « vous dites ça car vous avez le même âge ». C’est un vrai moment de complicité.
Dans votre entourage professionnel et personnel, est-ce que les gens vous ont donné dix bonnes raisons de continuer ?
Ils n’y croient pas, comme vous ! Ils sont émus comme moi à la fin du spectacle, car je suis sincère. Mais ils disent souvent « on verra bien pour la suite ». Mais je sais que c’est le dernier. Bien sûr je pourrais écrire « 10 bonnes raisons de revenir », si Bardella passe aux prochaines présidentielles par exemple. Tous les stand-upers et comiques seraient sur scène, car dans l’humour il n’y a pas de meilleure place que d’être dans l’opposition.
Et si je vis en bonne forme jusqu’à quatre-vingts balais, peut-être que je proposerais un spectacle seul en scène pour poser un regard sur la société, ce que j’ai connu. Mais pas un one-man show humoristique.
C’est la fin de Patrick Timsit en one-man, mais pas de Patrick Timsit comédien alors !
Oh non ! Je joue déjà un spectacle seul en scène, Le Livre de ma mère d’Albert Cohen, que j’ai joué à Paris et Avignon, parfois accompagné par des musiciennes comme Ibeyi ou Kimberose, un spectacle dramatique qui est un bonheur à jouer, et que je vais emmener en tournée. J’ai aussi un projet de pièce de théâtre pour fin 2024, des projets de films… C’est incroyable ce qui m’arrive, j’ai l’impression de découvrir de nouveaux horizons depuis quelques années, comme si maintenant on acceptait que je passe de la comédie au dramatique, du téléfilm à un film au cinéma. Je sais que je ne vais pas m’ennuyer !
La dernière chose avant d’entrer en scène ?
Un petit secret : j’ai une antisèche, collée derrière le rideau, où est juste noté le mot « ADIEU », car j’ai trop peur d’entrer en disant « bonsoir », par habitude !