Publié dans le PROG de Janvier/Février 2024
« S’immerger dans l’image a un côté magique »
C’est en bande dessinée que JP Nataf revient en Touraine : un concert dessiné en compagnie du chanteur Bastien Lallemant et des dessinateurs Alfred et Charles Berbérian. Remontons aux origines du projet…
Comment est née cette aventure ?
Depuis dix ans l’aventure des Siestes Acoustiques nous avaient déjà réunis – Bastien, Charles et moi – et j’ai pu aussi faire des concerts dessinés avec Alfred, tandis que Charles Berbérian en faisait avec Bastien. Comme les deux dessinateurs s’entendent aussi très bien, de fil en aiguille on a formé une bande de quatre. La programmatrice du festival Oh les Beaux Jours à Marseille nous a proposé de faire un concert dessiné à huit mains ! Et c’était tellement plaisant qu’on a continué !
Coté musique, qui chante quoi ?
Je chante mes propres chansons, accompagné par Bastien, et lorsqu’il chante les siennes je deviens musiciens accompagnateurs.
Les chansons sont là, elles pré-existent au concert : mais le dessin, c’est différent à chaque fois ?
Charles et Alfred partent d’une page blanche à chaque spectacle, selon les thèmes et l’inspiration qui leur vient. Certaines images reviennent d’un concert à l’autre, mais le public voit vraiment le dessin se créer en direct. Le défi pour eux deux, c’est le chrono : il faut finir le dessin avec les dernières notes de musique ! Voir ces dessins poétiques émerger nous a donné envie de jouer dans des plus grandes salles, avec un grand écran. Pouvoir s’immerger dans l’image, ça a un côté magique.
L’image devient la star ?
Oui ! En tout cas nous ne sommes pas au premier plan, nous sommes au service de ce qui se crée.
Quel rapport entretenez-vous au dessin ?
J’ai fait des études d’architecture, donc je sais gribouiller. Mais même si Bastien comme moi sommes très sensibles au dessin (Bastien a fait les beaux-arts), pour le spectacle nous avons pris le parti de ne pas mélanger les disciplines. Dans mon parcours j’aurais peut-être pu bifurquer par la BD. Mais la vie est faite de sentiers qu’on emprunte, et celui que j’ai pris est celui où j’ai le mieux ma place je crois. Par contre mes chansons naissent souvent d’images, d’inspirations picturales, de photos, de films…
Vous parlez de bifurcation : pas de regret sur des chemins non empruntés ?
J’aime dire oui, démarrer d’une page blanche dans un exercice que je n’ai pas encore testé, mais je ne me suis pas non plus fait kidnapper par d’autres disciplines. Mon pinceau ça reste ma guitare et ma voix, et je me débrouille avec ça. J’ai écrit des chansons, des musiques de film, pour les enfants… ce sont des excroissances de ce que je fais : faire des chansons et les jouer sur scène. Ce qui ne m’empêche pas d’aimer mélanger cela à d’autres disciplines, comme les lectures musicales que je propose avec l’auteur Thomas Reverdi. Mais on est en tous un peu là, dans une reconversion quasi-obligatoire car aujourd’hui avoir un seul projet pérenne et financièrement viable ça n’existe presque plus. Ça donne un côté un peu troubadour qui me plaît : donner des concerts dans des lieux très différents, des salles de spectacles, des médiathèques, des prisons, avec différents projets… On est une bande de quinze à vingt personnes à faire ce métier autour d’une certaine idée de la chanson française, c’est devenu une activité très collective, j’adore ça !
Et comment définiriez-vous cette chanson française ?
Par défaut sans doute : ceux qui ne sont pas adoubés par les gros médias, qui ne sont pas les têtes d’affiche des grands festivals ? Si on était en sport, on serait les joueurs de ligue 2 ! Pas à la télé, mais qui travaillent beaucoup tout de même. Bastien Lallemand, Seb Martel, SuperBravo, et plein d’autres… C’est toute une nébuleuse qui se croise et s’entrecroise, et c’est très chouette.
Nous sommes en janvier : des projets et des bonnes résolutions pour cette année ?
Les bonnes résolutions : trouver la force de m’occuper de l’administratif ! Et pour les projets, c’est la sortie au printemps de l’album de Bastien que j’ai réalisé, puis la reprise du travail avec les Innocents pour repartir sur scène en fin d’année si possible...