LA PETITE HISTOIRE DU GRAND THÉÂTRE DE TOURS
Si vous contournez l’actuel Opéra de Tours par l’ouest, vous découvrirez dans la rue Voltaire une porte un peu hors-sujet sur le flanc du bâtiment. Une porte… religieuse, dirons-nous, et c’est bien normal : se dressaient là en d’autres temps le couvent des Cordeliers et son église ! Fondé au XIIIe siècle, cette propriété religieuse a commencé à se démembrer dès 1771, en vendant une partie de ses biens. En 1791, devenue « bien national », l’église est achetée par le citoyen Bucheron, qui en fait une salle de spectacles. 800 places, c’est pas rien ! Ouvert en 1794, ce tout nouveau Théâtre mélange déjà à l’époque pièces de théâtre et opéra. La municipalité s’inquiète tout de même de ne pas avoir de théâtre public à Tours. Question de standing, d’indépendance, et d’adéquation aux besoins du début XIXe. Mais les ambitions municipales font souvent pschitt, comme pour ce concours de 1827 pour installer une salle à l’angle rue des minimes-rue nationale, concours qui n’aboutira jamais.
En 1860, Bucheron se retire des affaires, et propose à la ville de racheter les lieux. Après un refus puis d’âpres négociations, c’est chose faite en 1867, et la Ville décide de démolir le bâtiment ! Adieu les 1000 places, le parterre, les loges… Place à un tout nouvel édifice imaginé par l’architecte Léon Rohard. Inauguré en 1872, le premier théâtre municipal de Tours peut accueillir jusqu’à 1200 personnes, mais part en fumée en 1883. On s’y remet donc : un concours désigne en 1884 Jean-Marie Hardion, architecte local qui passera le relais au Parisien Stanislas Loison après avoir dépassé son budget. Les spectateurs découvrent en 1889 le Grand Théâtre que nous connaissons aujourd’hui : ses peintures de Georges Clairin, sa coupole avec Apollon, la Danse, la Comédie, la Musique et la Tragédie qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui puisque le Grand Théâtre a échappé aux bombardements de la deuxième guerre. Maison de l’Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire, berceau du Choeur de l’Opéra qui fête ses quarante ans, l’Opéra de Tours n’est pas né d’hier et vit au tempo d’aujourd’hui.