LA GRANDE SOPHIE

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VICTOR PAIMBLANC
Victor Paimblanc

Credit Photo : Victor Paimblanc

Seule en scène, armée de ses chansons mais aussi de textes, façon théâtre, la Grande Sophie revient avec nous sur ce nouveau projet « Tous les jours, Suzanne ».

LA QUESTION

Certains pensent qu’à 50 ans il faut avoir une Rollex pour avoir réussi sa vie. Quand on est chanteuse à 50 ans, comment savoir si on a réussi ?

J’ai la chance de toujours faire le métier dont je rêvais, donc j’ai réussi je crois. Enfant, si on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais « chanteuse ». Je ne mesurais pas tout le travail que ça représentait, il faut traverser une carrière avec des hauts et des bas, c’est un métier où on vit des montagnes russes. Mais je ne m’en plains pas : je fais ce qui me plait.

LE QUESTIONNAIRE

Dernière chose avant d’entrer en scène ? 

Je n’aime pas attendre, donc je me maquille, je mets du parfum...

Le premier disque que vous avez acheté ? 

J’en parle dans le spectacle : un best-of de Sylvie Vartan, vinyle. J’avais aussi le 45 tours de Nikka Costa, une petite fille de mon âge qui chantait, elle était mon modèle.

Dernier livre coup de coeur ? 

Les Figurants de Delphine de Vigan, une pièce de théâtre passionnante.

La recette de cuisine que vous maîtrisez comme un chef ? 

En cuisine asiatique, j’aime le phô.

L’INTERVIEW

Ce n’est pas un simple concert mais bien un spectacle que vous présenterez à Saint-Pierre-des-Corps, imaginé à partir de votre livre Tous les jours, Suzanne…

Oui c’est adapté du livre, je n’avais jamais fait ça ! C’est un peu ma comédie musicale à moi. Certaines parties sont issues du livre, mais ce n’est pas un spectacle figé comme une lecture musicale. Comme mon livre est une correspondance, où je retrace mon parcours à travers des lettres, j’en reprends certaines en scène pour les lire, les jouer, et bien sûr je joue pas mal de chansons que les gens connaissent déjà. Tout cela donne un éclairage sur la vie d’une femme dans la musique, en l’occurrence mon histoire.

C’est la première fois que vous êtes comme ça seule en scène ?

Je l’avais déjà fait pour des concerts, mais ce qui change beaucoup pour moi avec ce projet c’est qu’il y a une véritable mise en scène. En tournée, habituellement, j’indique aux musiciens qui entre quand, ce qu’on va faire, comment on met en scène l’intro. Là je m’en suis remise à la metteuse en scène Johanna Boyé, dont le regard extérieur était essentiel pour faire en sorte que le spectacle soit fluide. Elle a trouvé la bonne solution : on passe sur scène d’une ambiance à l’autre, de mon salon à ma loge, de mon imaginaire à la scène.

A l’origine il y avait le livre (publié cette année) : pourquoi avoir eu besoin d’écrire au lieu de chanter ?

J’ai senti le besoin d’écrire sur ce que je vivais, de donner à voir le parcours d’une femme dans la musique. Dans Tous les jours Suzanne on découvre l’origine de cette chanson « Suzanne », et j’écris à ce personnage créé en 2010. J’ai eu besoin de lui écrire à nouveau ces dernières années. La musique apparaît souvent comme un métier de jeunes, et dès qu’on passe la barre des quarante-cinq ans on vous le fait remarquer très fortement, aussi bien pour les hommes que pour les femmes… Même si les femmes s’en prennent plein la figure à un degrés plus élevé je pense. Beaucoup de choses basculent alors, sans qu’on comprenne pourquoi. Un chirurgien qui a de la bouteille, on s’en félicite, mais dans la musique, non. J’ai eu l’impression
d’être un diplodocus, et peu de gens en parlent. J’ai donc eu besoin de dire les choses, à ma manière, à travers l’image d’un bouquet de fleurs par exemple, et toujours avec de l’espoir.

Faire ce livre et ce spectacle, c’était aussi une manière de montrer qu’à mon âge on peut toujours faire des choses nouvelles ! Sans tomber dans le « jeunisme », j’avais envie qu’on écoute la parole de tout le monde, sans laisser des gens en marge.

Cette année c’est donc le livre et la tournée : et après, qu’est-ce que vous nous préparez ?

J’écris des nouvelles chansons, mais je ne sais pas encore comment je vais rebondir. Peut-être un deuxième livre ? D’autres chansons ? Pour l’instant je suis beaucoup sur les routes pour le spectacle, et pour les salons du livre et les rencontres en librairie. Ça me rappelle les petits lieux dans lesquels j’ai commencé la chanson. Il y a cette proximité, l’échange avec les gens qui vont vous lire… Les libraires, les libraires indépendants notamment, sont des gens passionnés, qui font vivre leur commerce mais aussi les auteurs… et les artistes comme moi. C’est un nouveau monde les librairies pour moi, et je m’y plais !

La Grande Sophie en spectacle à Saint-Pierre-des-Corps le vendredi 3 octobre 2025. Réservation : https://billetterie.mairiespdc.fr/