JULIEN MAGRE
« Il n’y a aucune préméditation dans mes photos »
Dans l’exposition En vie, au château de Tours, le photographe Julien Magre capture des instants en famille. Un projet qui nous a intrigués…
Dans Je n’ai plus peur du noir, vous photographiiez l’absence. Aujourd’hui l’exposition s’appelle En Vie mais on y retrouve quelques clichés communs aux deux projets : qu’est-ce qui a changé dans votre regard sur ces images ?
« Je n’ai plus peur du noir » relate un drame familial que j’ai vécu en 2015. Après cet événement tragique, ma vision du monde a changé brutalement, ma vision photographique aussi. Après cet électrochoc, je n’arrivais plus à voir le monde en couleur, je n’arrivais plus à exprimer, à montrer le bonheur, l’amour, la douceur, la plénitude qui se ressent souvent dans mes images.
J’ai donc arrêté pendant un long moment la photographie couleur pour ne faire que du noir et blanc… un noir et blanc tranché et profond.
A partir de quel moment le photographe remplace ou s’ajoute au père de famille ou à l’époux lorsque vous êtes en famille ?
A aucun moment car je suis toujours le père ou l’époux. Je dirai que je suis père, époux et photographe.
Quel est le déclic qui fait que vous sortez l’appareil photo ?
Il me faut 4 règles pour que l’envie et le besoin de faire une photographie surgisse : la lumière, la couleur, le contexte et l’émotion. Il n’y a aucune préméditation dans mes photos, aucun protocole.
L’appareil photo vous permet-il de vous révéler, ou de révéler des aspects de vos sujets qu’on ne voit pas à l’œil nu ?
Je crois que je montre des choses qu’on ne regarde pas, peu ou plus. Je prends le temps de regarder, de révéler de petites choses, de petits moments, des temps morts si je puis dire. Et j’essaie d’exprimer en images des sentiments, des sensations : l’amour, la vie, le silence.
Vos proches se prêtent-ils volontiers au jeu de la photographie, au fait d’être exposés ensuite au regard public ?
Je photographie Caroline, ma femme, depuis plus de 20 ans, elle est habituée de ce geste !!! C’est la routine (rire). Quant à mes enfants, ils sont nés avec cela ! Par contre, évidemment, ils ont droit de regard et c’est eux qui décident si je peux montrer ou non une image.
La photo a-t-elle toujours fait partie de votre quotidien, même enfant ou adolescent ?
J’ai commencé la photo assez tard. Mais j’ai toujours baigné dans cet univers. Ma mère a travaillé quasiment toute sa vie pour une célèbre marque de flash (Balcar) et elle me ramenait à la fin de chaque mois des magazines de photo que je regardais attentivement, je devais avoir 10-12 ans et j’ai découvert de grands noms (Koudelka, Evans, Frank…) et inconsciemment, je crois que mon goût pour la photo est né à ce moment-là.
Vos photos seront cet été au château de Tours, mais vous où serez-vous ? Vous avez un endroit préféré pour passer des vacances estivales ?
Un petit village en Auvergne.
Que trouve-t-on sur votre playlist musicale du moment ? Il y a toujours du Neil Young et du Chopin, j’écoute aussi beaucoup Poolside, et j’aime beaucoup en ce moment Bertrand Belin.
Des artistes à écouter en visitant l’exposition de Julien Magre « En vie », au château de Tours (en partenariat avec le Jeu de Paume) jusqu’au 29 octobre 2023 –