FANNY POLLY

Photo MAUDE FOURGEOT
La rappeuse et danseuse sera à Saint-Avertin le 23 août. le Ce sera son premier concert en Touraine. Et sûrement pas le dernier !
LA QUESTION
Être une femme, ça change les choses quand on veut faire du rap ?
Les gens jugent sans doute un peu plus avant de nous voir sur scène. Il y a des clichés, tout comme pour une femme qui voudrait jouer au foot. Alors dès qu’on nous laisse une ouverture, on entre sur le terrain et on fait nos preuves. Une fois sur scène, je ne ressens plus d’inégalité avec les hommes, et je gagne le respect des personnes qui avaient des doutes. Le ressenti, la relation change complètement, une fois qu’on passe à l’action.
L’INTERVIEW
Votre dernier album s’appelle Meufs 2 terrain. Quel rapport avez-vous avec le sport ? Il y a des points communs avec le rap ?
J’aime ce côté métaphorique : mon terrain à moi, c’est le rap. Et ce titre fait aussi référence au fait que j’aime ce qui est lié à la pratique directe, au lien direct avec les gens, au fait qu’on soit adaptables à tous les terrains, que la scène soit dans un festival ou dans un garage. Je viens du milieu sportif, je suis même coach sportive à côté. J’ai donc vu beaucoup de similitudes dans le fait de devoir se démarquer sur le terrain comme dans le milieu de la musique. Cela exige la même discipline, la même rigueur, la même persévérance, la même détermination, la même passion. Et le collectif aussi ! Un groupe de rap ou de danseurs, c’est la même énergie, la même abnégation, la même solidarité dès qu’on est sur le terrain. On est liés fortement entre nous. Et ce mot « terrain » renvoie aussi à notre coté femmes d’action. Le rap, être sur le terrain, c’est notre moyen d’agir.
En plus de rapper vous êtes aussi pro de la danse hip-hop : sur scène qu’est-ce que vous proposez et qu’est-ce que vous proposerez à Saint-Avertin ?
Sur les grandes scènes j’ai trois backeuses-danseuses, et un DJ. Sur des endroits plus modestes, j’ai un DJ et une backeuse. Je m’occupe du choix des titres, des transitions, des chorégraphies. Danser et raper, c’est la base pour moi, même si cela ne se fait plus beaucoup aujourd’hui. J’y tiens, et j’ai aussi envie de rester en petit groupe pour garder l’authenticité et l’originalité du projet.
Vous avez un flow bien à vous, comment travaillez-vous cette fluidité ?
On pourrait faire des ateliers d’écriture, où on peut développer juste cette question pendant 4h. Il n’y a pas une seule manière de faire. Chaque personne fait à sa manière. Personnellement, c’est très instinctif au début, presque du freestyle ou de l’improvisation (même si je suis nulle en improvisation pure !). Je laisse la place à l’instinct quand j’écoute l’instru, pour sentir quelle phrase pourrait aller avec quel flow. J’essaie de lâcher un peu prise pour tester des choses, faire du yaourt sans parole pour tester le débit ou l’intonation par exemple. Et si ça ne vient pas naturellement, c’est que l’instru ne m’inspire pas assez. Ensuite il y a une partie un peu plus « mathématiques » je dirais : décaler la pause, mettre l’accent ici ou là, je cherche la petite bête qui fait la différence.
LE QUESTIONNAIRE
La chanson qui pour vous rime avec été ? Sans hésitation Stevie Wonder, Free.
La dernière claque que vous avez prise en voyant un spectacle ? La comédie musicale La Haine. Bien sûr c’est une première, il y a des choses à améliorer, mais vraiment c’est une claque : les décors, les danseurs, les rappeurs, la qualité musicale, avec un budget suffisant pour faire briller le hip-hop, je vous le recommande !
Un film doudou qui vous réconforte à tous les coups ? Sister Act 2.
Première action en sortant de scène ? Un débrief ultra rapide sur ce qui nous a marqué, puis souffler.